Journée mondiale de lutte contre le Sida
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Cette journée est l'occasion de rappeler que le syndrome de l'immunodéficience acquise (Sida) n'a pas disparu et qu'il ne frappe pas que certains pays ou communautés.
En 2021, 38,4 millions de personnes vivaient dans le monde avec le virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Les thérapies actuelles permettent, chez des patients traités tôt après l'infection, d'avoir la même espérance de vie que le reste de la population. En bloquant la prolifération du virus, les antiviraux évitent en effet l'évolution vers le stade Sida, c'est-à-dire vers le stade où le système immunitaire n'est plus capable de faire barrage aux infections dites opportunistes et à certains cancers. À condition d'être parfaitement suivis, les traitement évitent aussi toute transmission par voie sexuelle entre une personne infectée sous traitement efficace et une personne non infectée, ou de la mère à l'enfant lors d'une grossesse. Pourtant, on compte encore chaque année dans le monde 1,5 million de nouvelles contaminations et 650 000 décès liés au VIH. En cause, des inégalités d'accès aux traitements antirétroviraux (75 % seulement des personnes qui se savent séropositives bénéficient d'une prise en charge adéquate), mais aussi un manque d'information et de prévention qui conduit à un dépistage trop tardif ainsi qu'à une utilisation trop limitée des moyens de prévention disponibles, y compris dans les pays riches.
En France, 30 % des personnes diagnostiquées le sont à un stade avancé, ce qui laisse le temps aux complications de survenir et à une personne infectée de transmettre le virus à ses partenaires. Parce que le Sida est moins médiatisé, et que les messages de prévention ciblent surtout les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, beaucoup oublient que plus de la moitié des séropositifs diagnostiqués chaque année en France sont des hommes et femmes hétérosexuel.le.s.
Le problème est particulièrement criant chez les jeunes : 29 % des 18-24 ans considèrent être moins confrontés aux risques que les autres, et 34 % seulement utilisent systématiquement un préservatif lors de rapports sexuels. Aux personnes les plus exposées, qui ont par exemple des partenaires multiples dont certains pourraient être infectés par le virus, les médecins peuvent prescrire aujourd'hui un traitement préventif, dit de prophylaxie préexposition (PreP). « En permettant une protection quasi totale vis-à-vis du risque d'infection par le VIH, cette stratégie sauve des vies », insiste le Pr. Jean-Michel Molina, qui rappelle par ailleurs la nécessité de renforcer les campagnes globales de prévention comprenant en particulier l'incitation au dépistage et à l'utilisation du préservatif. « Tout le monde doit avoir conscience que le Sida est toujours là, qu'il n'affecte pas que "les autres", et que nous sommes encore loin de savoir le guérir ou de disposer d'un vaccin préventif. Contracter le VIH implique un traitement à vie, dont l'observance est primordiale. »
Pr. Jean-Michel Molina, chef du service des Maladies infectieuses
Hôpital Saint-Louis et Lariboisière– 1, avenue Claude Vellefaux, 75010 Paris
Université de Paris Cité