Journée mondiale de la sécurité des patients
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Tout acte de soin comporte sa part de risque, même infime : effet secondaire d'un traitement, problème opératoire, mais aussi risques d'infections, qui peuvent cependant être limités par les mesures d'hygiène.
Pour cette nouvelle édition du 17 septembre 2022, la journée mondiale de la sécurité des patients prend pour thème « la sécurité de la médication ». Pourtant, les effets secondaires des médicaments ne sont pas les seuls risques liés aux soins. Certains actes médicaux peuvent aussi entraîner une infection, en particulier si ces actes sont invasifs : opération chirurgicale, pose d'un cathéter, d'une sonde urinaire, etc. « Environ un tiers des infections associées aux soins sont des infections urinaires, le plus souvent sans gravité, mais on trouve également des infections du site opératoire, des bactériémies [présence de bactéries dans la circulation sanguine] et des infections pulmonaires, qui elles peuvent être beaucoup plus graves » liste le professeur Jean-Christophe Lucet, de l'hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris).
Sur les quelque 470 000 cas d'infections associées aux soins survenant dans les hôpitaux français chaque année, 3 000 à 4 000 entraînent ainsi un décès. « On pense le plus souvent aux infections nosocomiales, qui ont lieu à l'hôpital, mais des infections liées aux soins, bien moins connues, peuvent aussi survenir lors de soins à domicile, dans des cabinets dentaires, dans des EHPAD… » ajoute ce spécialiste de l'hygiène hospitalière.
Sans surprise, une réduction de ces risques passe avant tout par la définition de mesures d'hygiène plus drastiques, tout en s'assurant qu'elles soient correctement appliquées dans les faits. Une stratégie qui porte déjà ses fruits, comme le rappelle Jean-Christophe Lucet. « En une vingtaine d'années, nous avons réduit de moitié le risque d'infection du site opératoire, par des changements de pratiques : préparation de la peau avant l'opération, produits utilisés, techniques opératoires, etc. »
Plus globalement, le nombre de patients hospitalisés présentant une infection associée aux soins est passé de 7,5 % il y a 15 ans à 5 % aujourd'hui. Est-il possible d'aller encore plus loin ? « C'est plutôt simple au début, mais plus on progresse, plus il devient difficile de réduire encore ces risques. » Et le professeur Lucet de conclure : « il est illusoire d'espérer aboutir un jour au risque zéro. Par contre, on peut y tendre ».