Journée mondiale contre l’hépatite
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À l'occasion de cette journée internationale, retour sur la lutte contre les hépatites virales qui touchent quelque 325 millions de personnes dans le monde.
Une inflammation du foie, appelée hépatite, peut avoir de nombreuses causes : alcoolisme, obésité, maladie auto-immune, etc. Mais c'est bien souvent un virus qui la provoque, dont les principaux sont désignés par une lettre de A à E. Chacun d'entre eux a ses spécificités en matière de mode de transmission (de la mère à l'enfant, via l'eau non potable, par une relation sexuelle…), de fréquence, de contagiosité, mais aussi et surtout de gravité. « Aujourd'hui dans le monde, le virus le plus problématique est celui de l'hépatite B, qui représente la première cause de décès par cancer du foie, puis vient ensuite l'hépatite C, malgré d'énormes moyens mis en place pour l'éliminer », résume la chercheuse INSERM Karine Lacombe. Selon l'OMS, le premier cause chaque année plus de 800 000 décès et le second 290 000 morts. Pour comparaison, la mortalité de l'hépatite A s'élève à quelques milliers de personnes par an.
Pourtant, des moyens existent pour combattre les hépatites virales les plus problématiques. Des traitements sont par exemple disponibles depuis 2014 pour l'hépatite C, avec des taux de guérison de plus de 90 %. Problème, le traitement est cher (plus de 20 000 euros), freinant son utilisation dans certains pays. Ainsi, la lutte contre l'hépatite C passe par le dépistage le plus large possible pour proposer un traitement aux personnes positives. Du côté de l'hépatite B, aucun traitement curatif n'a été trouvé, les médicaments actuels ne permettant que de contrôler la réplication du virus et non de guérir la personne infectée. Cependant, un vaccin efficace existe depuis 1981. « Le problème vient de la disponibilité du vaccin, qui n'est pas proposé gratuitement dans certains pays, ou bien alors trop tard. Idéalement, la vaccination devrait se faire dès la naissance, or dans les faits elle a souvent lieu après deux mois de vie », reprend Karine Lacombe.
Pour la cheffe de service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine (Paris), l'objectif de l'OMS « d'éliminer l'hépatite virale en tant que problème de santé publique […] d'ici à 2030 » risque dans ces conditions d'être difficile à atteindre, surtout après la crise sanitaire du Covid-19 qui a freiné la lutte. « Cela reste réalisable dans beaucoup de pays, mais dans les pays du Sud cela sera très difficile. Il va falloir accélérer la recherche, notamment pour trouver de nouvelles cibles thérapeutiques concernant l'hépatite B. » En attendant, les hépatites virales continuent à tuer une personne toutes les 30 secondes dans le monde.