Une crise sanitaire ne justifie pas qu’on dise, ou qu’on fasse, n’importe quoi !
Mardi 23 Juin 2020
Communiqué de Presse
Le 23 juin 2020
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Nos instances, représentant les médecins spécialisés en maladies infectieuses en France, souhaitent dénoncer les affirmations sans fondement qui ont été diffusées sur des chaînes de radio-télévision nationales au cours des derniers jours. Elles sont d'autant plus graves qu'elles sont l'oeuvre d'un médecin, chef de service dans un hôpital. Selon ses propos, 25 000 morts liées à la COVID-19 auraient pu être évitées en France si la combinaison hydroxychloroquine et azithromycine avait été prescrite massivement.
Les sociétés savantes, selon son auteur, n'auraient pas recommandé ce traitement parce qu'elles seraient « complètement corrompues » et « c'est de la véritable corruption qui a plongé des dizaines de milliers de français dans la mort, faut pas avoir peur des mots ».
Les propos sont graves, car ils font passer pour des « criminels » les médecins qui s'appuient sur les données de la science pour soigner leurs patients, tout en cherchant à imposer des traitements probablement inefficaces.
En se fondant sur les données solides disponibles à ce jour, on peut affirmer que :
Comme détaillé dans une tribune récente1, certains voudraient faire croire que l'intuition est suffisante pour imposer des choix thérapeutiques en Médecine. Ce qui aurait dû rester une controverse scientifique est porté sur la scène médiatique au travers de propos infondés scientifiquement et d'accusations calomnieuses. Ce retour à l'empirisme représenterait une régression majeure de la médecine moderne, un retour vers la médecine du moyen-âge.
Notre engagement, celui de l'écrasante majorité des médecins depuis le début de la crise sanitaire, a toujours été de prendre en charge au mieux les patients, en respectant l'état de la science et des connaissances basées sur des preuves, en conformité avec le code de déontologie médicale. Ni l'improvisation, ni le marketing médiatique ne sont de mise dans cette lutte contre un agent infectieux émergent, encore inconnu il y a quelques mois.
La situation de crise sanitaire ne doit pas être une excuse pour s'affranchir de toute rigueur dans l'évaluation des traitements et dans les débats. Le public est en droit d'attendre de la part de ses médecins de la sérénité dans la communication des données médicales, sans tromperie ni démagogie. Au nom de l'éthique, du respect des victimes et de leurs familles, ainsi que de tous les professionnels de santé fortement impliqués dans cette pandémie, nous condamnons cette communication sans fondement.
1. Lutte contre le Covid-19 : « La médecine ne relève pas d'un coup de poker ». Le Monde, 4 Juin 2020. https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/04/lutte-contre-le-covid-19-la-medecine-ne-releve-pas-d-un-coup-de-poker_6041688_3232.html
Pr Pierre Tattevin, Président de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française
Pr Albert Sotto, Président du Collège des Universitaires de Maladies Infectieuses et Tropicales
Pr France Cazenave-Roblot, Présidente du Conseil National Professionnel –
Maladies Infectieuses et Tropicales
Pr Pierre Marie-Girard, Président de la sous-section 45-03 du Conseil National des Universités –
Maladies Infectieuses et Tropicales
Le 23 juin 2020
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Nos instances, représentant les médecins spécialisés en maladies infectieuses en France, souhaitent dénoncer les affirmations sans fondement qui ont été diffusées sur des chaînes de radio-télévision nationales au cours des derniers jours. Elles sont d'autant plus graves qu'elles sont l'oeuvre d'un médecin, chef de service dans un hôpital. Selon ses propos, 25 000 morts liées à la COVID-19 auraient pu être évitées en France si la combinaison hydroxychloroquine et azithromycine avait été prescrite massivement.
Les sociétés savantes, selon son auteur, n'auraient pas recommandé ce traitement parce qu'elles seraient « complètement corrompues » et « c'est de la véritable corruption qui a plongé des dizaines de milliers de français dans la mort, faut pas avoir peur des mots ».
Les propos sont graves, car ils font passer pour des « criminels » les médecins qui s'appuient sur les données de la science pour soigner leurs patients, tout en cherchant à imposer des traitements probablement inefficaces.
En se fondant sur les données solides disponibles à ce jour, on peut affirmer que :
- la prescription de l'hydroxychloroquine aux patients atteints par la Covid-19 n'a pas fait la preuve de son efficacité,
- les études rigoureuses réalisées par des équipes sans a priori, au niveau international, ont toutes conclu sur l'absence de bénéfice, tandis que le risque de décès lié à un mauvais usage est lui parfaitement avéré.
- les études rigoureuses réalisées par des équipes sans a priori, au niveau international, ont toutes conclu sur l'absence de bénéfice, tandis que le risque de décès lié à un mauvais usage est lui parfaitement avéré.
Comme détaillé dans une tribune récente1, certains voudraient faire croire que l'intuition est suffisante pour imposer des choix thérapeutiques en Médecine. Ce qui aurait dû rester une controverse scientifique est porté sur la scène médiatique au travers de propos infondés scientifiquement et d'accusations calomnieuses. Ce retour à l'empirisme représenterait une régression majeure de la médecine moderne, un retour vers la médecine du moyen-âge.
Notre engagement, celui de l'écrasante majorité des médecins depuis le début de la crise sanitaire, a toujours été de prendre en charge au mieux les patients, en respectant l'état de la science et des connaissances basées sur des preuves, en conformité avec le code de déontologie médicale. Ni l'improvisation, ni le marketing médiatique ne sont de mise dans cette lutte contre un agent infectieux émergent, encore inconnu il y a quelques mois.
La situation de crise sanitaire ne doit pas être une excuse pour s'affranchir de toute rigueur dans l'évaluation des traitements et dans les débats. Le public est en droit d'attendre de la part de ses médecins de la sérénité dans la communication des données médicales, sans tromperie ni démagogie. Au nom de l'éthique, du respect des victimes et de leurs familles, ainsi que de tous les professionnels de santé fortement impliqués dans cette pandémie, nous condamnons cette communication sans fondement.
1. Lutte contre le Covid-19 : « La médecine ne relève pas d'un coup de poker ». Le Monde, 4 Juin 2020. https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/04/lutte-contre-le-covid-19-la-medecine-ne-releve-pas-d-un-coup-de-poker_6041688_3232.html
Pr Pierre Tattevin, Président de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française
Pr Albert Sotto, Président du Collège des Universitaires de Maladies Infectieuses et Tropicales
Pr France Cazenave-Roblot, Présidente du Conseil National Professionnel –
Maladies Infectieuses et Tropicales
Pr Pierre Marie-Girard, Président de la sous-section 45-03 du Conseil National des Universités –
Maladies Infectieuses et Tropicales