Gazette de l'Infectiologie: Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques
Lundi 14 Novembre 2022
Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques
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À l'occasion de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, focus sur l'antibiorésistance et sur les moyens de lutter contre ce fléau.
Si depuis leur découverte les antibiotiques ont permis de prolonger la durée de vie des êtres humains, cet énorme progrès scientifique est aujourd'hui victime de son succès. En effet, à force d'être exposées aux antibiotiques, les bactéries, au départ très sensibles à ces traitements, ont commencé à développer des résistances. Cela est devenu un problème majeur de santé publique en France et dans le monde entier.
Homme et bactéries sont intimement liés. Nous possédons en effet plus d'un kilogramme de bactéries dans notre tube digestif, et bien d'autres encore sont présentes sur notre peau ou ailleurs. « On pourrait même dire que nous sommes plus bactériens qu'humains, explique Patricia Pavese, chef du service d'Infectiologie au CHU de Grenoble Alpes. Or, chaque fois que nous prenons un antibiotique, nous modifions notre flore. Nous détruisons les bactéries sensibles et faisons émerger des bactéries résistantes. » Et si certains antibiotiques ont un large spectre d'action et sont efficaces contre de nombreux types de bactéries à la fois, d'autres en revanche ont un spectre plus étroit. « Si nous prenons des antibiotiques à très large spectre, la résistance apparaîtra alors plus rapidement. Le bon usage des antibiotiques consiste donc à choisir un traitement adéquat durant un laps de temps optimisé afin d'avoir le moins de pression de sélection possible sur les bactéries qui nous habitent », ajoute le Dr Pavese.
En France, et dans certains autres pays du monde, notre consommation d'antibiotiques est excessive , non seulement dans les hôpitaux mais aussi en ville. « On prescrit encore trop d'antibiotiques pour des infections qui n'en ont souvent pas besoin, précise Patricia Pavese. Pour améliorer cette situation, des règles simples pourraient être suivies : utiliser des antibiotiques à spectre le plus étroit possible, comme la pénicilline, par exemple, et limiter la durée des traitements antibiotiques. »
La prévention et l'éducation sont également nécessaires pour parvenir à lutter contre l'antibiorésistance, non seulement auprès du grand public mais également au sein du corps médical. « Les antibiotiques jouissent encore aujourd'hui d'une réputation ‘magique', que l'on doit à l'époque de la Seconde Guerre mondiale durant laquelle ils ont permis de sauver la vie de soldats, souligne Patricia Pavese, et l'image de l'antibiothérapie est un peu surfaite par rapport à son effet réel. »
Suite au mésusage de cette formidable invention, il existe malheureusement aujourd'hui un grand nombre de bactéries dites « multirésistantes », c'est-à-dire résistantes à de multiples classes d'antibiotiques, réduisant ainsi les options thérapeutiques. On estime qu'elles sont responsables de plus de 10 000 décès par an en France et de 150 000 infections.
Cet article vous a été́ proposé par la Société́ de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
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À l'occasion de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, focus sur l'antibiorésistance et sur les moyens de lutter contre ce fléau.
Si depuis leur découverte les antibiotiques ont permis de prolonger la durée de vie des êtres humains, cet énorme progrès scientifique est aujourd'hui victime de son succès. En effet, à force d'être exposées aux antibiotiques, les bactéries, au départ très sensibles à ces traitements, ont commencé à développer des résistances. Cela est devenu un problème majeur de santé publique en France et dans le monde entier.
Homme et bactéries sont intimement liés. Nous possédons en effet plus d'un kilogramme de bactéries dans notre tube digestif, et bien d'autres encore sont présentes sur notre peau ou ailleurs. « On pourrait même dire que nous sommes plus bactériens qu'humains, explique Patricia Pavese, chef du service d'Infectiologie au CHU de Grenoble Alpes. Or, chaque fois que nous prenons un antibiotique, nous modifions notre flore. Nous détruisons les bactéries sensibles et faisons émerger des bactéries résistantes. » Et si certains antibiotiques ont un large spectre d'action et sont efficaces contre de nombreux types de bactéries à la fois, d'autres en revanche ont un spectre plus étroit. « Si nous prenons des antibiotiques à très large spectre, la résistance apparaîtra alors plus rapidement. Le bon usage des antibiotiques consiste donc à choisir un traitement adéquat durant un laps de temps optimisé afin d'avoir le moins de pression de sélection possible sur les bactéries qui nous habitent », ajoute le Dr Pavese.
En France, et dans certains autres pays du monde, notre consommation d'antibiotiques est excessive , non seulement dans les hôpitaux mais aussi en ville. « On prescrit encore trop d'antibiotiques pour des infections qui n'en ont souvent pas besoin, précise Patricia Pavese. Pour améliorer cette situation, des règles simples pourraient être suivies : utiliser des antibiotiques à spectre le plus étroit possible, comme la pénicilline, par exemple, et limiter la durée des traitements antibiotiques. »
La prévention et l'éducation sont également nécessaires pour parvenir à lutter contre l'antibiorésistance, non seulement auprès du grand public mais également au sein du corps médical. « Les antibiotiques jouissent encore aujourd'hui d'une réputation ‘magique', que l'on doit à l'époque de la Seconde Guerre mondiale durant laquelle ils ont permis de sauver la vie de soldats, souligne Patricia Pavese, et l'image de l'antibiothérapie est un peu surfaite par rapport à son effet réel. »
Suite au mésusage de cette formidable invention, il existe malheureusement aujourd'hui un grand nombre de bactéries dites « multirésistantes », c'est-à-dire résistantes à de multiples classes d'antibiotiques, réduisant ainsi les options thérapeutiques. On estime qu'elles sont responsables de plus de 10 000 décès par an en France et de 150 000 infections.
Cet article vous a été́ proposé par la Société́ de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).