Gazette de l'infectiologie: Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques 2023
Du Samedi 18 Novembre 2023 au Vendredi 24 Novembre 2023
Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques: 18 au 24 novembre 2023
Voir le document au format pdf
Retour au sommaire de la Gazette de l'Infectiologie
Comme chaque année, cette semaine mondiale vise à informer et lutter contre la menace de l'antibiorésistance. Une lutte qui passe en France par un nouveau maillage régional.
L'antibiorésistance constitue une parfaite illustration de la sélection naturelle si chère à Darwin. Quand un antibiotique s'attaque à des bactéries, que ce soit en les tuant ou en les empêchant de se reproduire, il subsiste toujours au milieu de cette hécatombe quelques bactéries survivantes. Ces dernières ont généralement muté ou acquis un gène leur permettant de résister spécifiquement à l'antibiotique administré. Ce faisant, elles vont alors se reproduire en transmettant cette résistance à leur descendance, voire même parfois la transmettre à des bactéries d'autres espèces.
Ainsi, plus nous utilisons d'antibiotiques, plus l'on créé une armée de bactéries toujours plus résistantes. De quoi faire dire à l'OMS que « la résistance aux antibiotiques constitue aujourd'hui l'une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement. » Selon une étude publiée début 2022, plus d'un million de morts serait déjà imputable à l'antibiorésistance chaque année dans le monde. En France, ce chiffre s'élève à près de 12 500 décès annuels.
La France, justement, a décidé de prendre le problème à bras-le-corps, avec la mise en place d'une Stratégie nationale de prévention des infections et de l'antibiorésistance pour la période 2022-2025. Dès 2020, le Ministère de la Santé avait demandé la mise en place de Centres régionaux en antibiothérapie (CRAtb). « Ces centres permettent de décliner la stratégie nationale à l'échelle de la région, en l'adaptant aux spécificités locales », résume l'infectiologue grenoblois Philippe Lesprit, qui coordonne le CRAtb de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Les missions des 16 CRAtb actuellement en place consistent à coordonner et animer des réseaux de professionnels de santé autour de la lutte contre l'antibiorésistance et le bon usage des antibiotiques, leur apporter une expertise et enfin évaluer ainsi que surveiller les actions mises en place. « Avant la création des CRAtb, chaque région avait une approche et une histoire différentes autour de l'antibiorésistance. Les avancées sont donc encore très hétérogènes d'une région à l'autre, certains centres viennent seulement d'être créés et en sont encore à la mise en place d'un réseau de professionnels de santé », souligne Philippe Lesprit. « 80 à 90 % des prescriptions d'antibiotiques ayant lieu en ville, c'est aux médecins généralistes, aux sage-femmes, aux chirurgiens-dentistes ou encore aux pharmaciens qu'il faut s'adresser en priorité, et cela prend du temps ».
Pour l'infectiologue grenoblois, il faudra encore attendre quelques années pour dresser un bilan de la création de ces centres régionaux et mesurer des résultats quantitatifs. En attendant, la question de l'antibiorésistance continue d'inquiéter les systèmes de santé du monde entier, même si les chiffres français montrent une diminution significative depuis dix ans de la consommation d'antibiotiques dans l'hexagone… qui reste malgré tout l'une des plus élevées d'Europe.
Cet article vous a été́ proposé par la Société́ de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
Voir le document au format pdf
Retour au sommaire de la Gazette de l'Infectiologie
Comme chaque année, cette semaine mondiale vise à informer et lutter contre la menace de l'antibiorésistance. Une lutte qui passe en France par un nouveau maillage régional.
L'antibiorésistance constitue une parfaite illustration de la sélection naturelle si chère à Darwin. Quand un antibiotique s'attaque à des bactéries, que ce soit en les tuant ou en les empêchant de se reproduire, il subsiste toujours au milieu de cette hécatombe quelques bactéries survivantes. Ces dernières ont généralement muté ou acquis un gène leur permettant de résister spécifiquement à l'antibiotique administré. Ce faisant, elles vont alors se reproduire en transmettant cette résistance à leur descendance, voire même parfois la transmettre à des bactéries d'autres espèces.
Ainsi, plus nous utilisons d'antibiotiques, plus l'on créé une armée de bactéries toujours plus résistantes. De quoi faire dire à l'OMS que « la résistance aux antibiotiques constitue aujourd'hui l'une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement. » Selon une étude publiée début 2022, plus d'un million de morts serait déjà imputable à l'antibiorésistance chaque année dans le monde. En France, ce chiffre s'élève à près de 12 500 décès annuels.
La France, justement, a décidé de prendre le problème à bras-le-corps, avec la mise en place d'une Stratégie nationale de prévention des infections et de l'antibiorésistance pour la période 2022-2025. Dès 2020, le Ministère de la Santé avait demandé la mise en place de Centres régionaux en antibiothérapie (CRAtb). « Ces centres permettent de décliner la stratégie nationale à l'échelle de la région, en l'adaptant aux spécificités locales », résume l'infectiologue grenoblois Philippe Lesprit, qui coordonne le CRAtb de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Les missions des 16 CRAtb actuellement en place consistent à coordonner et animer des réseaux de professionnels de santé autour de la lutte contre l'antibiorésistance et le bon usage des antibiotiques, leur apporter une expertise et enfin évaluer ainsi que surveiller les actions mises en place. « Avant la création des CRAtb, chaque région avait une approche et une histoire différentes autour de l'antibiorésistance. Les avancées sont donc encore très hétérogènes d'une région à l'autre, certains centres viennent seulement d'être créés et en sont encore à la mise en place d'un réseau de professionnels de santé », souligne Philippe Lesprit. « 80 à 90 % des prescriptions d'antibiotiques ayant lieu en ville, c'est aux médecins généralistes, aux sage-femmes, aux chirurgiens-dentistes ou encore aux pharmaciens qu'il faut s'adresser en priorité, et cela prend du temps ».
Pour l'infectiologue grenoblois, il faudra encore attendre quelques années pour dresser un bilan de la création de ces centres régionaux et mesurer des résultats quantitatifs. En attendant, la question de l'antibiorésistance continue d'inquiéter les systèmes de santé du monde entier, même si les chiffres français montrent une diminution significative depuis dix ans de la consommation d'antibiotiques dans l'hexagone… qui reste malgré tout l'une des plus élevées d'Europe.
Cet article vous a été́ proposé par la Société́ de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).