Gazette de l'infectiologie: Journée nationale de dépistage de l’hépatite C
Dimanche 16 Octobre 2022
Journée nationale de dépistage de l'hépatite C
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La question du dépistage constitue l'un des enjeux majeurs de la lutte contre l'hépatite C, qui touche encore 170 millions de personnes dans le monde.
Avec près de 300 000 décès par an, l'hépatite C reste la deuxième hépatite virale la plus meurtrière à l'échelle mondiale, après l'hépatite B. Il existe pourtant des traitements efficaces depuis 2014, avec des taux de guérison de plus de 90 %. Les prix de ces traitements (jusqu'à plus de 80 000 dollars par patient) ont longtemps été un frein à leur diffusion, même si ces prix ont depuis fortement baissé, notamment dans les pays du Sud.
Cependant, un autre paramètre joue contre l'utilisation de ces traitements : le taux de dépistage. « Tant qu'on n'a pas connaissance de sa maladie, on ne peut pas se faire soigner. Sans dépistage, pas d'accès au traitement et à la guérison » résume simplement le professeur Gilles Pialoux, du service des Maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon (Paris). Un point d'autant plus important que la plupart des personnes infectées restent asymptomatiques pendant des années.
Selon l'OMS, en 2019, seule une personne sur cinq vivant avec le virus de l'hépatite C avait ainsi connaissance de son diagnostic. En France en 2022, on estime que plus de 75 000 personnes sont porteuses du virus sans le savoir. « C'est ce que l'on appelle l'épidémie cachée », explique Gilles Pialoux. « En plus de ne pas avoir accès à un traitement, ces malades qui s'ignorent peuvent poursuivre leurs comportements à risque : quand on se sait infecté, on change généralement son comportement pour limiter la transmission ».
Car même si la France fait partie des pays les moins touchés par l'épidémie, l'hexagone compte quelque 4000 nouveaux cas d'hépatite C chaque année.
La transmission du virus se fait essentiellement par voie sanguine : partage de seringues, exposition au sang, dans le cas de certaines pratiques sexuelles… Aujourd'hui en France, la stratégie de dépistage se concentre surtout sur les personnes exposées à ces risques, bien que plusieurs associations et spécialistes demandent que chaque français soit dépisté au moins une fois au cours de sa vie, comme proposé dans un rapport paru en 2016.
« Pour ne rien arranger, la crise sanitaire liée au Covid-19 a entraîné du retard dans les dépistages », note le professeur Pialoux. « Le confinement a empêché des gens d'aller se faire dépister, quand les centres d'analyses n'étaient tout simplement pas fermés ou débordés par les tests Covid ».
Afin de parvenir à l'objectif ambitieux de l'OMS « d'élimination de l'hépatite C pour 2030 », la France doit désormais amplifier le dépistage, freiné pendant la crise sanitaire, pour donner accès au traitement à toutes les personnes infectées.
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La question du dépistage constitue l'un des enjeux majeurs de la lutte contre l'hépatite C, qui touche encore 170 millions de personnes dans le monde.
Avec près de 300 000 décès par an, l'hépatite C reste la deuxième hépatite virale la plus meurtrière à l'échelle mondiale, après l'hépatite B. Il existe pourtant des traitements efficaces depuis 2014, avec des taux de guérison de plus de 90 %. Les prix de ces traitements (jusqu'à plus de 80 000 dollars par patient) ont longtemps été un frein à leur diffusion, même si ces prix ont depuis fortement baissé, notamment dans les pays du Sud.
Cependant, un autre paramètre joue contre l'utilisation de ces traitements : le taux de dépistage. « Tant qu'on n'a pas connaissance de sa maladie, on ne peut pas se faire soigner. Sans dépistage, pas d'accès au traitement et à la guérison » résume simplement le professeur Gilles Pialoux, du service des Maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon (Paris). Un point d'autant plus important que la plupart des personnes infectées restent asymptomatiques pendant des années.
Selon l'OMS, en 2019, seule une personne sur cinq vivant avec le virus de l'hépatite C avait ainsi connaissance de son diagnostic. En France en 2022, on estime que plus de 75 000 personnes sont porteuses du virus sans le savoir. « C'est ce que l'on appelle l'épidémie cachée », explique Gilles Pialoux. « En plus de ne pas avoir accès à un traitement, ces malades qui s'ignorent peuvent poursuivre leurs comportements à risque : quand on se sait infecté, on change généralement son comportement pour limiter la transmission ».
Car même si la France fait partie des pays les moins touchés par l'épidémie, l'hexagone compte quelque 4000 nouveaux cas d'hépatite C chaque année.
La transmission du virus se fait essentiellement par voie sanguine : partage de seringues, exposition au sang, dans le cas de certaines pratiques sexuelles… Aujourd'hui en France, la stratégie de dépistage se concentre surtout sur les personnes exposées à ces risques, bien que plusieurs associations et spécialistes demandent que chaque français soit dépisté au moins une fois au cours de sa vie, comme proposé dans un rapport paru en 2016.
« Pour ne rien arranger, la crise sanitaire liée au Covid-19 a entraîné du retard dans les dépistages », note le professeur Pialoux. « Le confinement a empêché des gens d'aller se faire dépister, quand les centres d'analyses n'étaient tout simplement pas fermés ou débordés par les tests Covid ».
Afin de parvenir à l'objectif ambitieux de l'OMS « d'élimination de l'hépatite C pour 2030 », la France doit désormais amplifier le dépistage, freiné pendant la crise sanitaire, pour donner accès au traitement à toutes les personnes infectées.