gazette de l'infectiologie:Journée mondiale de lutte contre le paludisme
Lundi 25 Avril 2022
Journée mondiale de lutte contre le paludisme
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Malgré des milliards de dollars investis, la lutte contre cette maladie parasitaire se heurte à de nombreuses difficultés.
Le parasite le plus meurtrier de la planète n'est autre qu'un minuscule organisme unicellulaire, appelé Plasmodium, des dizaines de fois plus petit que le diamètre d'un cheveu. Transmis à l'Homme par les piqures de moustique dans les zones tropicales, ce parasite provoque fièvre, tremblements, affaiblissement général… Non traitée, cette maladie – le paludisme, aussi appelé malaria – peut alors être mortelle. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 627 000 personnes en seraient ainsi décédées en 2020, majoritairement de jeunes enfants. Une augmentation de plus de 12 % par rapport à l'année précédente.
« La lutte contre le paludisme a connu des succès significatifs entre 2004 et 2014, avec une baisse importante des nombres de cas et de décès dans le monde, observe Marc Thellier, responsable du Centre National de Référence du Paludisme sur le site de la Pitié-Salpêtrière. Puis, les résultats ont commencé à stagner, jusqu'à observer un recul avec la pandémie de Covid-19 qui a fortement perturbé les services de santé ». Les bons résultats des premières années (un taux de mortalité divisé par deux entre 2000 et 2015) ont été obtenus sur tous les continents, mais le plus fort impact a surtout été observé en Asie et en Amérique latine. Aujourd'hui, 95 % des cas de paludisme sont localisés en Afrique, le continent d'origine du parasite, où sa grande diversité génétique le rend complexe à combattre. « On arrive dans le dur, résume ainsi Marc Thellier, avec une lutte qui s'avère bien plus difficile à mener ».
Pour ne rien arranger, les moustiques deviennent de plus en plus résistants aux insecticides utilisés en prévention. Dans le même temps, une résistance du parasite lui-même est observée depuis une quinzaine d'années en Asie. « Nous utilisons aujourd'hui un traitement à base d'artémisinine, très efficace pour lutter contre la maladie, mais qui finit par générer des populations de parasites résistants à ce produit, explique le spécialiste. Or, cette résistance à l'artémisinine est récemment apparue en Afrique ».
Au rayon des bonnes nouvelles tout de même, l'arrivée d'un vaccin recommandé fin 2021 par l'OMS : le RTS,S. « Ce vaccin n'est pas parfait, avec une efficacité limitée, mais dans la situation actuelle cela reste une option intéressante » estime Marc Thellier. Le spécialiste suit également de près le développement d'autres projets de vaccins plus ou moins avancés, qui pourraient apporter dans le futur de nouveaux espoirs dans cette lutte contre le paludisme, décidément des plus complexes.
Cet article vous a été proposé par la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
Interview : Pr Marc Thellier
Responsable du Centre National de Référence du Paludisme Service de parasitologie-mycologie
Hôpital de La-Pitié-Salpêtrière, Paris
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Malgré des milliards de dollars investis, la lutte contre cette maladie parasitaire se heurte à de nombreuses difficultés.
Le parasite le plus meurtrier de la planète n'est autre qu'un minuscule organisme unicellulaire, appelé Plasmodium, des dizaines de fois plus petit que le diamètre d'un cheveu. Transmis à l'Homme par les piqures de moustique dans les zones tropicales, ce parasite provoque fièvre, tremblements, affaiblissement général… Non traitée, cette maladie – le paludisme, aussi appelé malaria – peut alors être mortelle. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 627 000 personnes en seraient ainsi décédées en 2020, majoritairement de jeunes enfants. Une augmentation de plus de 12 % par rapport à l'année précédente.
« La lutte contre le paludisme a connu des succès significatifs entre 2004 et 2014, avec une baisse importante des nombres de cas et de décès dans le monde, observe Marc Thellier, responsable du Centre National de Référence du Paludisme sur le site de la Pitié-Salpêtrière. Puis, les résultats ont commencé à stagner, jusqu'à observer un recul avec la pandémie de Covid-19 qui a fortement perturbé les services de santé ». Les bons résultats des premières années (un taux de mortalité divisé par deux entre 2000 et 2015) ont été obtenus sur tous les continents, mais le plus fort impact a surtout été observé en Asie et en Amérique latine. Aujourd'hui, 95 % des cas de paludisme sont localisés en Afrique, le continent d'origine du parasite, où sa grande diversité génétique le rend complexe à combattre. « On arrive dans le dur, résume ainsi Marc Thellier, avec une lutte qui s'avère bien plus difficile à mener ».
Pour ne rien arranger, les moustiques deviennent de plus en plus résistants aux insecticides utilisés en prévention. Dans le même temps, une résistance du parasite lui-même est observée depuis une quinzaine d'années en Asie. « Nous utilisons aujourd'hui un traitement à base d'artémisinine, très efficace pour lutter contre la maladie, mais qui finit par générer des populations de parasites résistants à ce produit, explique le spécialiste. Or, cette résistance à l'artémisinine est récemment apparue en Afrique ».
Au rayon des bonnes nouvelles tout de même, l'arrivée d'un vaccin recommandé fin 2021 par l'OMS : le RTS,S. « Ce vaccin n'est pas parfait, avec une efficacité limitée, mais dans la situation actuelle cela reste une option intéressante » estime Marc Thellier. Le spécialiste suit également de près le développement d'autres projets de vaccins plus ou moins avancés, qui pourraient apporter dans le futur de nouveaux espoirs dans cette lutte contre le paludisme, décidément des plus complexes.
Cet article vous a été proposé par la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
Interview : Pr Marc Thellier
Responsable du Centre National de Référence du Paludisme Service de parasitologie-mycologie
Hôpital de La-Pitié-Salpêtrière, Paris