Gazette de l'Infectiologie : Journée mondiale contre le sepsis
Mardi 13 Septembre 2022
13 septembre 2022 – Journée mondiale contre le sepsis
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Cette réaction inflammatoire généralisée induite par une infection menace la vie de millions de personnes à travers le monde. La plupart des décès liés au sepsis seraient pourtant évitables.
C'est la plus grave des complications liées à une infection : 49 millions de cas chaque année, entraînant la mort de 11 millions de personnes dans le monde, majoritairement de jeunes enfants. Tout commence au départ par une infection presque banale, par exemple une infection urinaire ou liée à la pose d'un cathéter. « Dans la grande majorité des cas, le système immunitaire va lutter efficacement contre le pathogène, mais lorsque ce système immunitaire est affaibli – à cause d'une maladie, d'un traitement ou tout simplement d'une fragilité liée à l'âge, parfois sans cause évidente – la réponse inflammatoire se déséquilibre, affectant plusieurs organes vitaux qui peuvent alors défaillir » décrit le professeur Djillali Annane, de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (92). Cette réponse inflammatoire généralisée, appelée sepsis, s'accompagne dans environ 30 % des cas de la présence de pathogènes dans la circulation sanguine : la bactériémie.
Dans le monde, le sepsis touche avant tout les populations les plus vulnérables, particulièrement les femmes enceintes et nouveau-nés des zones les plus pauvres. « Le vrai problème reste le manque d'accès aux soins, dans de bonnes conditions d'hygiène, et notamment aux soins préventifs, reprend Djillali Annane. La grande majorité des sepsis de l'enfant seraient ainsi largement évitables simplement par la vaccination. »
Mais le sepsis n'épargne pas pour autant les pays industrialisés, pour d'autres raisons : rien qu'en Europe, il causerait chaque année près de 700 000 décès, dont 57 000 en France. À cause du vieillissement de la population, le nombre de cas pourrait doubler d'ici 50 ans. Dans ces pays ainsi que chez ceux à faibles revenus, les médecins se heurtent au phénomène grandissant de résistance aux antibiotiques et sont alors pris entre deux feux : d'une part le besoin de déployer tout l'arsenal thérapeutique nécessaire face au risque vital que représente un sepsis, et d'autre part la nécessité de limiter globalement l'usage d'antibiotiques afin d'éviter la diffusion de résistances.
« Un tiers des sepsis seraient aujourd'hui dus à des bactéries résistantes, ce qui change notre capacité à lutter rapidement contre l'infection. Or, il faut rappeler que l'on parle ici d'une urgence absolue, où tout retard se paie lourdement. »
Mieux lutter contre le sepsis nécessite une amélioration de la reconnaissance précoce de cette réaction inflammatoire (fièvre avec somnolence, gêne respiratoire…), ainsi que celle des méthodes rapides d'identification des pathogènes en cause afin de proposer rapidement le traitement le plus adapté.
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Cette réaction inflammatoire généralisée induite par une infection menace la vie de millions de personnes à travers le monde. La plupart des décès liés au sepsis seraient pourtant évitables.
C'est la plus grave des complications liées à une infection : 49 millions de cas chaque année, entraînant la mort de 11 millions de personnes dans le monde, majoritairement de jeunes enfants. Tout commence au départ par une infection presque banale, par exemple une infection urinaire ou liée à la pose d'un cathéter. « Dans la grande majorité des cas, le système immunitaire va lutter efficacement contre le pathogène, mais lorsque ce système immunitaire est affaibli – à cause d'une maladie, d'un traitement ou tout simplement d'une fragilité liée à l'âge, parfois sans cause évidente – la réponse inflammatoire se déséquilibre, affectant plusieurs organes vitaux qui peuvent alors défaillir » décrit le professeur Djillali Annane, de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (92). Cette réponse inflammatoire généralisée, appelée sepsis, s'accompagne dans environ 30 % des cas de la présence de pathogènes dans la circulation sanguine : la bactériémie.
Dans le monde, le sepsis touche avant tout les populations les plus vulnérables, particulièrement les femmes enceintes et nouveau-nés des zones les plus pauvres. « Le vrai problème reste le manque d'accès aux soins, dans de bonnes conditions d'hygiène, et notamment aux soins préventifs, reprend Djillali Annane. La grande majorité des sepsis de l'enfant seraient ainsi largement évitables simplement par la vaccination. »
Mais le sepsis n'épargne pas pour autant les pays industrialisés, pour d'autres raisons : rien qu'en Europe, il causerait chaque année près de 700 000 décès, dont 57 000 en France. À cause du vieillissement de la population, le nombre de cas pourrait doubler d'ici 50 ans. Dans ces pays ainsi que chez ceux à faibles revenus, les médecins se heurtent au phénomène grandissant de résistance aux antibiotiques et sont alors pris entre deux feux : d'une part le besoin de déployer tout l'arsenal thérapeutique nécessaire face au risque vital que représente un sepsis, et d'autre part la nécessité de limiter globalement l'usage d'antibiotiques afin d'éviter la diffusion de résistances.
« Un tiers des sepsis seraient aujourd'hui dus à des bactéries résistantes, ce qui change notre capacité à lutter rapidement contre l'infection. Or, il faut rappeler que l'on parle ici d'une urgence absolue, où tout retard se paie lourdement. »
Mieux lutter contre le sepsis nécessite une amélioration de la reconnaissance précoce de cette réaction inflammatoire (fièvre avec somnolence, gêne respiratoire…), ainsi que celle des méthodes rapides d'identification des pathogènes en cause afin de proposer rapidement le traitement le plus adapté.