Gazette de l'infectiologie: Journée du dépistage de l’hépatite C
Lundi 16 Octobre 2023
16 octobre : Journée nationale du dépistage de l'hépatite C
Voir le document au format pdf
Retour au sommaire de la Gazette de l'Infectiologie
58 millions de personnes seraient porteuses du virus de l'hépatite C dans le monde. C'est mieux que les 71 millions de 2015, mais encore loin de l'objectif fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) d'éliminer cette infection d'ici 2030. Pour cela, il faudrait améliorer le dépistage. En effet, 21 % seulement des malades connaîtraient aujourd'hui leur diagnostic.
Causée par un virus qui se transmet au contact de sang contaminé, l'hépatite C est une inflammation du foie qui détruit peu à peu les cellules hépatiques et les remplace par du tissu cicatriciel. Cela peut conduire, à terme, à une cirrhose, une maladie qui altère le fonctionnement du foie et peut favoriser un cancer. Malgré les campagnes de prévention sur les risques liés au partage de seringues ou à certaines pratiques sexuelles non protégées, et malgré l'existence de traitements efficaces à 95 %, 1,5 million de personnes se contaminent chaque année dans le monde, et 290 000 en meurt.
En France, la situation est plutôt en amélioration. Mais si la prise en charge des personnes diagnostiquées est plutôt bonne, on compte encore 133 000 porteurs chroniques du virus et 4 000 nouveaux cas par an. L'infection continue en effet de circuler, que ce soit chez des personnes contaminées il y a longtemps et qui l'ignorent ou parmi les toxicomanes notamment, et elle tend même à augmenter chez les hommes ayant des pratiques sexuelles avec d'autres hommes suite à un relâchement dans les pratiques de protection (rapports non protégés, partenaires multiples, usage de la PrEP, etc.). Or « ces populations ne sont pas toujours très réceptives aux messages de prévention, regrette le Pr. Vincent Thibault, chef du service de virologie du CHU de Rennes. On le voit avec les infections sexuellement transmissibles (IST) en général. » Résultat : près de 20 % des personnes infectées, toutes populations confondues, ne connaissent pas leur diagnostic, et sont donc susceptibles de transmettre le virus sans le savoir.
La difficulté à éradiquer l'hépatite C tient à l'absence de vaccin et de traitement prophylactique, mais surtout à l'évolution souvent silencieuse de cette maladie. En effet, dans 80 % des cas elle reste asymptomatique pendant des années avant que les premiers signes d'une cirrhose ou d'un cancer apparaissent. « L'hépatite C est souvent dépistée à un stade avancé, de façon fortuite, à l'occasion d'un bilan sanguin ou d'une imagerie abdominale demandé pour un autre motif, indique le Pr. Thibault. Il est alors possible de traiter l'infection, c'est-à-dire de se débarrasser du virus, mais pas de guérir les lésions déjà constituées. C'est pourquoi il est préférable d'être dépisté tôt. »
Le diagnostic est assez simple : après un test sérologique recherchant des anticorps dirigés contre le virus de l'hépatite C, un autre test est réalisé pour détecter l'acide ribonucléique (ARN) attestant de la présence encore effective de ce virus. C'est pourquoi certaines associations demandent que soit mis en place un dépistage généralisé, mais suite à des études la Haute Autorité de santé a récemment estimé que cela n'était pas pertinent, notamment au regard de la prévalence de cette maladie. Selon elle, il faudrait plutôt renforcer la stratégie actuelle qui consiste à former les professionnels de santé au repérage des facteurs de risque et à la recherche d'antécédents parfois très anciens afin de prescrire un test dès que cela s'avère nécessaire.
Pr. Vincent Thibault, chef du service de virologie du CHU de Rennes, et responsable de la section virologie de la Société française de microbiologie (SFM)
Voir le document au format pdf
Retour au sommaire de la Gazette de l'Infectiologie
58 millions de personnes seraient porteuses du virus de l'hépatite C dans le monde. C'est mieux que les 71 millions de 2015, mais encore loin de l'objectif fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) d'éliminer cette infection d'ici 2030. Pour cela, il faudrait améliorer le dépistage. En effet, 21 % seulement des malades connaîtraient aujourd'hui leur diagnostic.
Causée par un virus qui se transmet au contact de sang contaminé, l'hépatite C est une inflammation du foie qui détruit peu à peu les cellules hépatiques et les remplace par du tissu cicatriciel. Cela peut conduire, à terme, à une cirrhose, une maladie qui altère le fonctionnement du foie et peut favoriser un cancer. Malgré les campagnes de prévention sur les risques liés au partage de seringues ou à certaines pratiques sexuelles non protégées, et malgré l'existence de traitements efficaces à 95 %, 1,5 million de personnes se contaminent chaque année dans le monde, et 290 000 en meurt.
En France, la situation est plutôt en amélioration. Mais si la prise en charge des personnes diagnostiquées est plutôt bonne, on compte encore 133 000 porteurs chroniques du virus et 4 000 nouveaux cas par an. L'infection continue en effet de circuler, que ce soit chez des personnes contaminées il y a longtemps et qui l'ignorent ou parmi les toxicomanes notamment, et elle tend même à augmenter chez les hommes ayant des pratiques sexuelles avec d'autres hommes suite à un relâchement dans les pratiques de protection (rapports non protégés, partenaires multiples, usage de la PrEP, etc.). Or « ces populations ne sont pas toujours très réceptives aux messages de prévention, regrette le Pr. Vincent Thibault, chef du service de virologie du CHU de Rennes. On le voit avec les infections sexuellement transmissibles (IST) en général. » Résultat : près de 20 % des personnes infectées, toutes populations confondues, ne connaissent pas leur diagnostic, et sont donc susceptibles de transmettre le virus sans le savoir.
La difficulté à éradiquer l'hépatite C tient à l'absence de vaccin et de traitement prophylactique, mais surtout à l'évolution souvent silencieuse de cette maladie. En effet, dans 80 % des cas elle reste asymptomatique pendant des années avant que les premiers signes d'une cirrhose ou d'un cancer apparaissent. « L'hépatite C est souvent dépistée à un stade avancé, de façon fortuite, à l'occasion d'un bilan sanguin ou d'une imagerie abdominale demandé pour un autre motif, indique le Pr. Thibault. Il est alors possible de traiter l'infection, c'est-à-dire de se débarrasser du virus, mais pas de guérir les lésions déjà constituées. C'est pourquoi il est préférable d'être dépisté tôt. »
Le diagnostic est assez simple : après un test sérologique recherchant des anticorps dirigés contre le virus de l'hépatite C, un autre test est réalisé pour détecter l'acide ribonucléique (ARN) attestant de la présence encore effective de ce virus. C'est pourquoi certaines associations demandent que soit mis en place un dépistage généralisé, mais suite à des études la Haute Autorité de santé a récemment estimé que cela n'était pas pertinent, notamment au regard de la prévalence de cette maladie. Selon elle, il faudrait plutôt renforcer la stratégie actuelle qui consiste à former les professionnels de santé au repérage des facteurs de risque et à la recherche d'antécédents parfois très anciens afin de prescrire un test dès que cela s'avère nécessaire.
Pr. Vincent Thibault, chef du service de virologie du CHU de Rennes, et responsable de la section virologie de la Société française de microbiologie (SFM)